En faisant bon usage de son riche effectif et de la détermination à glaner les trois points, Chaâbani a conduit l’Espérance à une très précieuse victoire qu’il faudrait consolider pour une précoce qualification.
On savait que l’issue finale du choc Espérance-Ezzamalek allait être lourde de conséquences sur plus d’un plan, bien que l’on soit encore à la troisième journée de la phase des poules de la Ligue des champions.
Eh bien, c’est vraiment le cas après l’éclatante victoire de l’Espérance avant-hier à Radès (3-1). Ce succès des «Sang et Or» leur a permis de préserver jalousement leur leadership et de compliquer davantage les choses pour les Zamalkaouis qui n’ont récolté que deux petits points sur leurs trois matches joués jusque-là.
Pis encore, le représentant du football égyptien voit ses chances d’accéder au tour suivant sérieusement compromises après la victoire réalisée par la Mouloudia Club d’Alger face à Teungueth au Sénégal même (0-1). Ainsi Ezzamalek n’est plus le deuxième favori de la poule «D» puisqu’il se trouve désormais en troisième position après la MCA qui le recevra à Alger dans le cadre de la cinquième journée.
Ezzamalek victime de son va-tout
Le fait que les Cairotes partageaient la deuxième place avec la MCA, avant de se déplacer à Tunis, ne leur laissait pas une grande marge de manœuvre. Ils étaient devant l’obligation de jouer leur va-tout devant l’Espérance et d’essayer de lui damer le pion chez elle. Leur objectif étant les trois points de la victoire afin de conserver leurs chances de qualification en réussissant un grand coup à Radès.
C’est donc cet esprit-là qui a marqué visiblement la stratégie «conquérante» pour laquelle a opté le coach d’Ezzamalek, le Portugais Jaime Pacheco. Du coup, l’entame du match était dominée par Ezzamalek qui était très appliqué au niveau de la possession de la balle et de l’orchestration d’une série d’opérations offensives très dangereuses qui ont failli aboutir. Ses joueurs Ferjani Sassi, Achraf Ben Charki, Hamid Haddad et Ahmed Fattouh, en particulier, ont donné le tournis à la défense espérantiste.
On a même cru que l’Espérance allait subir un nouvel affront par des Pharaons très entreprenants. Mais c’était trop sous-estimer les réelles potentialités de l’équipe de Bab Souika qui allait prendre les choses en main après son premier but marqué par le Ghanéen William Tougui (26’) suite à un magnifique assist de Hamdi Nagguez.
Ce fut ainsi le déclic d’un autre match, même si Ezzamalek allait remettre les pendules à l’heure à la 40’ avec le but de Ahmed Fattouh. Mais cinq minutes plus tard, la détermination de l’Espérance et son réalisme ont été payants sur un penalty provoqué par l’Algérien Aderraouf Benguith et transformé par la nouvelle coqueluche Mohamed Ali Ben Romdane (45’). Ce dernier s’est même chargé de remuer le couteau dans la plaie d’Ezzamalek en ajoutant un troisième but dès l’entame de la deuxième période (53’).
Ce but de toute beauté, auquel ont contribué le Ghanéen Khalid Abdelbasset et le renard Hamdou El Houni, illustre toute la physionomie du match.
On a vu une équipe égyptienne qui prenait trop de risques en attaque sans se soucier d’une couverture défensive probante, et une Espérance qui a fait usage de sa grande expérience. En effet, au lieu que ce soit elle qui avait la charge de l’initiative, elle a attendu les bourdes de son adversaire pour lui asséner des coups de grâce sur des contres aussi rapides que meurtriers.
Et si Badri jouait d’entrée?
Avec ce résultat idéal, l’Espérance a bien franchi le cap d’Ezzamalek. Les supporters n’en demandent pas mieux et ils peuvent fermer les yeux sur les imperfections récurrentes au niveau tactique. La chance a, encore une fois, été du côté du doyen des clubs tunisiens car le match aurait pu avoir une autre tournure si Ezzamalek était parvenu à trouver le chemin des filets du brave Farouk Ben Mustapha dans les vingt-cinq premières minutes de jeu. Et c’est au cours de cette entame à haut risque que certains spécialistes se sont interrogés sur la raison ayant convaincu Mouïne Chaâbani de garder Anice Badri, l’arme fatale de l’équipe, sur le banc de touche. Ce feu follet de l’attaque aurait pu généreusement épauler l’excellent Hamdou El Houni dans les assauts offensifs. Sa présence aurait même pu conduire l’Espérance à une victoire plus large encore car la défense égyptienne était trop naïve pour résister aux tours de la paire El Houni-Badri.
Peut-être que Chaâbani opterait pour cette formule au prochain match retour du Caire qui pourrait être synonyme de qualification précoce de l’Espérance.